Comprendre l’autre, casser les préjugés
Du 4 au 17 avril 2025, le CDI du lycée a accueilli l’exposition Tous migrants !, conçue par Cartooning for Peace. À travers une trentaine de dessins de presse internationaux, cette exposition a offert aux élèves une opportunité originale de réfléchir aux réalités complexes des migrations.
Au-delà de l’actualité ou des chiffres, elle propose une vraie mise à distance des discours simplistes, souvent relayés par certains courants populistes. Elle met en lumière la manière dont les stéréotypes discriminants influencent notre perception des migrants. En confrontant les élèves à des représentations visuelles fortes, elle les pousse à remettre en question les idées reçues et à développer leur esprit critique face à des récits médiatiques qui, parfois, entretiennent la peur en diffusant des clichés dangereux : l’étranger perçu comme une menace pour l’emploi, l’identité ou la sécurité.
Par ailleurs, l’exposition ne se contente pas de dénoncer. Elle ouvre aussi la voie à une meilleure compréhension des parcours migratoires. Certains fuient la guerre ou les persécutions, d’autres espèrent un avenir plus stable. Il existe aussi des mobilités choisies, motivées par le travail, les études ou des raisons familiales. En ce sens, chacun peut se sentir concerné, ainsi que l’affirme son titre un tantinet provocateur : Tous migrants ! - qui n’a pas manqué de faire hausser quelques sourcils :-) …
L’exposition ne s’est pas simplement regardée, elle s’est aussi vécue. Grâce à une dynamique collaborative impulsée au CDI, les élèves ont exploré les dessins à travers différents questionnaires réalisés sur mesure, pensés pour s’adapter à chaque niveau de visite et, autant que possible, aux objectifs propres à chaque discipline (pas de panique, ils n’étaient pas notés !). Ces supports, conçus par la professeure documentaliste, Mme Mona Housty, ont permis de structurer des visites guidées enrichissantes et différenciées, où l’analyse d’image et la lecture critique trouvaient naturellement leur place, en lien avec les compétences info-documentaires et les attendus disciplinaires de chacun.
Les publics accueillis ont été variés, illustrant la diversité des approches pédagogiques mises en œuvre :
Des collégiens : cinq classes de 4e du collège de notre cité scolaire, conduites par Mme Cristelle Gascou et M. Sébastien Pouilly, professeurs d’histoire-géographie, ont travaillé à partir de l’exposition, soit en ouverture d’une séquence sur les migrations (programme de géographie), soit en résonance avec une séquence déjà engagée.
Des lycéens de seconde, encadrés par leurs professeures de français, Mmes Sabrina Pisu et Élodie Gallon, ont exploré les outils de la langue — figures de style, procédés d’argumentation, langage de l’image — en lien avec les objectifs du cours et l’universalité du thème littéraire.
Une classe de seconde en anglais, accompagnée de Mme Olivia Blot, a abordé l’exposition dans une perspective interculturelle, à travers l’analyse de consignes en anglais et une restitution appuyée sur des ressources complémentaires disponibles au CDI (dictionnaires, documents de référence...).
Une classe de 1re professionnelle, avec Mme Stéphanie Dufrèche, professeure de lettres-histoire, a travaillé la capacité à extraire des informations à partir des panneaux, dans une logique de réinvestissement en cours.
Des terminales en DGEMC, guidés par Mme Nelly Vaultier, professeure de SES et de droit, ont interrogé les dimensions éthiques, juridiques et politiques de la mobilité humaine.
Un petit groupe de latinistes de seconde, accompagné de Mme Mélanie Fiévet, a découvert l’exposition dans l’intention de mettre en relation les situations migratoires contemporaines et celles évoquées dans les récits de l’Antiquité. En amont d’un travail sur des textes d’auteurs comme Ovide ou Virgile, cette visite a ouvert une réflexion sur l’universalité du thème de l’exil, en montrant que les figures du déracinement, du refuge, de la peur de l’autre (ces barbares !) et de l’intégration traversent les siècles, d’Énée à Ulysse, des héros antiques aux migrants d’aujourd’hui.Au final, l’exposition a surtout été un levier pour interroger les discours, bousculer les évidences et encourager une réflexion citoyenne. En tout cas elle a permis de considérer les migrations non plus comme un sujet lointain et abstrait, mais comme un véritable enjeu humain, politique et médiatique. Mais au fond, ce sont surtout les réactions des élèves qui donnent tout son sens à cette exposition. Ils ont posé beaucoup de questions, et parfois, leurs remarques pendant la visite ont révélé bien plus que tout ce qu’ils pourraient en retenir. C’est là, dans leurs échanges souvent spontanés, que l’impact des dessins s’est vraiment mesuré.
Globalement, ils se sont montrés sensibles aux thèmes de « la douleur de l’exil », de « la peur de l’autre » et des préjugés. En revanche, ils ont été moins touchés par l’aspect dramatique des parcours migratoires eux-mêmes : les risques pris pour fuir, les dangers de mort en mer ou dans le désert, les passeurs sans scrupules… Ces réalités, bien qu’évoquées, n’ont pas toujours été pleinement perçues. Certains visuels, marquants par leur force symbolique ou leur tonalité provocatrice, ont tout de même suscité de l’émotion ou des questionnements. Pour certains, la lecture des dessins de presse s’est révélée complexe, en raison de figures de style implicites - et parfois bien planquées ! (métaphores visuelles, ironie, symboles culturels) ou d’un contexte difficile à saisir sans les éclairages des professeurs.
Tous ont manifesté un vrai intérêt pour la déconstruction des idées reçues et ont pris conscience de la diversité des parcours migratoires, bien au-delà des représentations simplistes souvent véhiculées. L’exposition a ainsi rempli pleinement son rôle de déclencheur de réflexion citoyenne et critique, même si l’enjeu spécifique du dessin de presse comme média reste à approfondir dans de futurs projets en EMI.
Un grand merci à toutes les équipes pédagogiques et aux élèves pour leur implication dans ce projet culturel et citoyen.
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